Adage n°39.3.

 

Pas de nouvelles, bonnes nouvelles.

 
 

Virginie Huguenin

16/07/2022

« Pas de nouvelles, bonnes nouvelles » dit ma grand-mère quand un proche, parent ou ami, ne lui donne pas les nouvelles qu’elle espère avoir.

Enfant, je l’entendais prononcer ces mots d’un ton un peu las et j’y décelais sa tristesse d’être tenue à l’écart d’un bonheur vécu loin d’elle, sans elle.

Je devenais triste à mon tour. Je redoutais que de bonnes nouvelles lui parviennent aux oreilles. Mieux (ou plutôt pire !) : j’espérais que le parent, l’ami, ait en fait connu une situation difficile, si difficile qu’il lui avait été impossible même d’en parler.

J’attendais alors qu’il revienne dire ses malheurs à ma grand-mère. Le décès d’un être aimé, un souci de santé, un problème au travail. Un malheur immense qui me consolerait pour elle.

Dans cet imbroglio de sentiments, dans le trajet sinueux de mes pensées d’enfant, je lis aujourd’hui la seule chose claire qui ne pouvait s’avouer autrement : le bonheur n’existait qu’avec elle.