Abécédaire
Hélène Merlin-Kajman
2/02/2019
Je ne sais pas grand chose de l’islam sinon qu’en français, on l’appelait autrefois la religion mahométane. Et ce que j’en sais est donné dans cette variation de termes : le christianisme croit dans le Christ, l’islam, en Mahomet. Fausse symétrie cependant. L’islam, dernière des trois religions monothéistes rattachées à la Bible, range parmi les prophètes celui que, contrairement aux juifs, les chrétiens tiennent pour le Messie. Les médiateurs privilégiés entre Dieu et les hommes changent, et ainsi change le sens de ce qui les relie et la nature de cette communication. Alors que les juifs reçoivent de Dieu les tables de la loi données à Moïse en mains propres, et que les chrétiens croient en un Fils de Dieu incarné, mort et ressuscité pour le salut des hommes, les musulmans reçoivent la loi de Mahomet, le dernier des prophètes qui leur donne Le Coran dicté par l'ange Gabriel.
Voici ce que je sais de la différence entre ces trois religions sœurs, nées de la même souche.
Je sais aussi que, comme le christianisme et sans doute le judaïsme, l’islam est divisé en courants (qui se déchirent). Et qu’il convient de distinguer l’islam, religion pratiquée partout dans le monde, de l’Islam, ensemble culturel et territorial obéissant à la Charia, qui est une sorte de droit comprenant normes privées et lois publiques dont les caractéristiques les plus saillantes tranchent avec les valeurs des démocraties occidentales.
Cependant, il serait mensonger de se contenter de cette définition minimale et neutre quoique évidemment située.
C’est que dans bien des langues aujourd’hui, l’islam cristallise les passions. Un mot les symbolise, qu’aujourd’hui le monde entier connaît : djihad. Il semble bien que le terrorisme l’ait confisqué en en réduisant drastiquement la signification, en la défigurant même peut-être. Mais le mal est fait, et fait beaucoup de mal (euphémisme).
Décrire ces mouvements récents excède les limites d’une définition (déjà terriblement lacunaire faute de place et de savoir).
Ce que je retiens de l’islam : une religion dans laquelle grandissent et vivent des millions d’êtres humains (presque un quart de la population mondiale) ; et un énorme problème politique contemporain. L’un est sans nul rapport avec l’autre ; l’un et l’autre ne sont pas sans rapport.