Abécédaire

 

 
Entame n°3
 
 


Tiphaine Pocquet

01/12/2018

 

 

C’est le début de quelque chose. À l’esprit, viennent en premier les exemples nourriciers, on pense au premier morceau d’un gâteau ou d’un pain. Mais le morceau peut aussi être le dernier, l’entame est alors ce qui reste.

On demande à réserver l’entame comme on l’ôte d’un plat par politesse ; certains la guettent avec appétit, d’autres la refusent comme un morceau sans valeur. J’appartiens plutôt à la première catégorie, et chose congruente, j’aime garder des restes et parfois des restes de restes, comme autant de promesses d’un recommencement…

L’entame c’est ainsi une chance, un risque à prendre… Dans une de ses acceptions, elle désigne la première carte jouée dans une partie : la fameuse carte retournée sur la pioche qui lance avec entrain la donne ou mine le moral d’entrée de jeu.

En Ancien Français, l’entame aurait eu le sens de blessure. On trouve trace de ce sens dans le verbe, tout de même plus usité que le nom. « Entamer », s’emploie parfois dans des contextes usants : on entame comme on porte atteinte, on diminue en ôtant une partie, on incise.

Le moral, la confiance, la réputation peuvent être entamés quand justement quelque chose manque. Toute la question reste de savoir comment faire de ce qui s’érode, s’use et s’efface un commencement peut-être.