Virginie Huguenin

06/10/2018

En me documentant, j’apprends que l’artichaut est une espèce de chardon qui déploie une fleur impressionnante s’il n’est pas récolté. On en consomme le bout des feuilles, aussi appelées « pétales » et le fond caché sous une épaisseur filandreuse dont il faut se débarrasser.

Légume ou fleur ?

Cœur, cul, poils à manger.

L’artichaut me fait encore froncer le nez quand je revois en souvenir son nom écrit sur un menu de cantine. Dégoûtée, je n’en ai plus jamais mangé.

Alors c’est moins par expérience du légume que je peux parler de l’artichaut, que par la connaissance d’une expression qui me révèle autre chose de cette plante épineuse qui m’est tout à la fois trompeuse et répugnante.

Un « cœur d’artichaut » désigne, outre la partie arrondie et centrale du légume qui nous intéresse, un cœur très tendre que l’on donne sans grand discernement. « Avoir un cœur d’artichaut », c’est tomber amoureux sans arrêt. Se prendre d’amour ainsi pour le voisin, l’ami d’un ami qu’on ne fait que croiser ou l’inconnu du métro qu’on contemple le temps de deux arrêts, a quelque chose d’à la fois candide et puissant. Affleure dans mon esprit l’image de l’enfant qui distribue ses présents autour de lui – bouts de ficelle ou cailloux offerts aux inconnus. Sourire et « je t’aime » jetés sincèrement au vent.

Cœur d’artichaut, cœur d’enfant.

L’artichaut peut être bon, décidément.