Lise Forment

24/02/2018

1. Mot sans mystère, à l’étymologie transparente. Outil à scruter le petit, instrument pour ceux qui veulent voir les choses en grand.

Moi, au moment des dissections, je me fais toute petite. Souvenir vague mais fort du cours de biolo (oui, chez moi, dans les années collège, on disait « biolo » et pas « bio ») : la rate (?) de la blatte qui éclate, l’œil de veau ou de bœuf que je ne peux pas regarder en face. Nous disséquions et observions, mais microscopions-nous vraiment ces bouts d’organes ? Les souvenirs, flous, divergent. J’essaie d’ajuster l’objectif, sa distance à l’échantillon...

2. Mot de tous les mystères (et de tous les clichés). Désir de l’immensément petit. Rêve de l’homoncule. (Quelques pages de Diderot refont surface.) Du microscope au microcosme, du microcosme au macrocosme, etc. Très classique modernité. Moi, j’aimerais bien qu’on m’offre un macroscope — non, non, pas un télescope ou une lunette astronomique : un macrocospe, qui ramène à dimensions humaines (les miennes sont particulièrement petites) tout l’immensément complexe, toutes ces questions et tous ces mots trop grands pour nous. Mettre enfin les problèmes en lamelles.

3. Mot technique dont la technique m’échappe. C’est une histoire de lentilles et de lumière. Mais il y a différentes manières de disposer ses lentilles et ses lumières (j’en manque...). Tout un tas de microscopes, donc, et la variété de leurs dénominations n’est pas sans poésie. Liste « à la manière de » [Jules Verne ? Jean de Léry ? Wikipedia ?] : microscope confocal, microscope binoculaire (ou triloculaire), microscope stéréoscopique, microscope à fluorescence, à rayons X, à ultraviolets, à balayage (parfois laser), à deux ou trois photons, etc.

4. « Passer quelqu’un ou quelque chose au microscope ». Le mouvement même de notre abécédaire, le travail minutieux de la définition, la quête impossible de la vérité. Et le plaisir de la minuscule trouvaille. Microscope : mot de tous les clichés, je vous avais prévenu.