Abécédaire
Pierre-Élie Pichot
09/12/2017
Un ou une équinoxe ? Peu importe : l’équinoxe se donne à tous et à toutes équitablement. L’équinoxe, c’est la journée qui dure autant à n’importe quel point du globe, le seul jour où les hémisphères Nord et Sud sont autant ensoleillés l’un que l’autre. Deux jours par an, notre planète impose au Nord et au Sud une stricte égalité.
*
C’est un prodige de géométrie qui a peuplé notre planète, il y a bien longtemps (disons un milliard d’années). Ce prodige s’appelle : « obliquité de l’écliptique ». En effet la Terre tourne, mais de traviole : comme une toupie fatiguée de tourner. Coup de chance ! Si la terre tournait droit, l’année tout entière serait un équinoxe. Nord et Sud seraient éclairés de la même manière tout le temps : ce ne serait plus l’été dans l’un, l’hiver dans l’autre. D’ailleurs il n’y aurait, littéralement, plus de saison. Les végétaux ne seraient jamais nés, et sans eux, pas de nous…
Notre planète est la preuve, vivante, que l’obliquité est préférable au funeste parallélisme.
*
À Mexico, le long d’une autoroute, on voit défiler des panneaux bleus séparés de quelques dizaines de mètres. Sur ces panneaux, rien d’autre que des années : 2005, 2006, 2007… Ainsi a-t-on voulu marquer le lent déplacement du tropique du Cancer. Les tropiques changent, car l’obliquité elle-même change, suivant un autre prodige astronomique : la « nutation ». Elle aussi est une rotation, et tous les dix-neuf ans, le tropique a retrouvé sa place initiale.
*
Il y a de la vie quand il y a des cycles. Corollaire : plus il y a de cycles, plus il y a de vie.
Il y a des équinoxes quand les cycles se croisent. Corollaire : plus les cycles sont amples, plus les équinoxes sont rares et précieuses.
Il y a des révolutions quand l’équinoxe est trop rare. Corollaire : depuis les Heures du duc de Berry (et bien avant déjà) il n’y a pas de gouvernement sans police des saisons.