Lise Forment

24/09/2016

Le chapeau de la cime est tombé dans l’abîme ! C’est heureux, car que faire sinon de ses profondeurs sans fonds ni espoir ?

S’il fallait à tout prix sonder l’abîme,
       il y aurait bien Abyss, ce film de James Cameron que je me souviens avoir vu, enfant. Seul un grand bleu surgit du gouffre de ma mémoire. Mais d’abîme à abysse, je glisse… et l’abysse, étrangement, n’abîme peut-être pas autant. Question d’imaginaire, de mer, de mère. Cliché abyssal.
                     Il y aurait aussi ces « abîmes de perplexité », dans lesquels je me dis souvent plongée. Pour d’obscures raisons, qui appartiennent sans doute à mes propres abîmes, j’aime beaucoup cette expression. Difficile à placer, mais joliment figée, comme un accent circonflexe – l’accent du perplexe qui lève les yeux aux cimes (ou qui les fronce, vers les abîmes).
                                      Et puis, bien sûr, il y aurait ces mises en abyme qui font le bonheur des lecteurs vache-qui-ritvores. J’ai déjà dessiné plusieurs fois les fameuses boucles d’oreille au tableau. À côté de Gide et Velasquez, elles sortent facilement du chapeau du prof, mais ne doit-il pas s’en méfier et tenter, vaille que vaille, de s’en éloigner ? La mise en abyme ne va tête nue que pour mieux se parer d’un air de dignité grecque ; trop souvent, elle nous offre une confortable mise en boîte du texte. Autoréflexif, comme il se doit. Loin des cimes et des abîmes, qu’il faut bien pourtant explorer et affronter.

Affronter l’abîme : une autre fois.