Abécédaire

 
Folie
 
 


Hélène Merlin-Kajman

16/01/2016

Lorsque je regarde des tableaux de fous d’époques antérieures, ce qui me frappe, c’est que je les reconnais. Je n’ai pas grand chose de commun avec la Joconde, avec les infantes de Velazquez, ni avec Monsieur Bertin d’Ingres : mais avec les fous, si. Leur folie me saute aux yeux. Elle traverse les temps pour me convoquer sur une scène pétrifiée dont je ne sais rien, dont je sais tout.

Je ne sais pas l’expliquer. J’en frémis simplement, d’un frémissement qui m’écarte et me joint. De là vient que je ne crois pas possible de définir la folie. L’espérer, ce serait vouloir éliminer la question qu’elle nous jette au visage – oui, au visage, littéralement – au visage et au regard – même sous son versant joyeux (il existe).

La vie sans la folie de l’amour et du désir, sans l’excès de la joie et du don, ne serait pas la vie. La vie dans la folie des basculements en enfer n’est plus la vie.

Et pourtant si – si.