Hélène Merlin-Kajman

03 novembre 2012

 

Sillons, sillages

 

Nos lecteurs l’auront remarqué : nous aimons Barthes. Nous y revenons sans cesse, nous « conférons » avec lui, à la Montaigne : le serrons de près, lui empruntons des bouts, protestons, nous en séparons, le sillonnons. Cette semaine, c’est Virginie Huguenin qui s’en empare pour son exergue.

Florence Bernard, à la question « Qu’aimeriez-vous que l’école fasse lire ? », répond : « Des œuvres qui aident à vivre mieux, qu’elles soient ou non littéraires ». Et ne serait-ce pas au fond une définition possible de la littérature – de la discipline « littérature » quand, à l’école, elle « fait lire » ?

Sillages, sillons – nos coques ?

Sans but fixe mais non sans finalité.

Adrien Guignard, dans un texte proprement extraordinaire, s’affronte à la question du sens telle que la lègue le déconstructionnisme et telle que, le déconstructionnisme aidant, elle n’est alors d’aucun secours quand on est face à un chagrin d’amour.

Au-delà de la pensée de Derrida, il me semble que se joue, deux générations après celle de 68 mais toujours (ou à nouveau) dans le sillage de la postmodernité, une désespérance particulière, mais doublée d’un espoir nouveau, qu’on retrouve flottant dans de nombreux exergues et bien des questionnaires (qu'on relise celui de Bixiou par exemple), dans « Intituler » de Jonathan Zerbib, dans le texte de Paul Laborde, ou même dans « Un succès mineur » de Dionys Del Planey.

Le « dessine-moi un mouton » du Petit Prince se propose alors comme solution burlesque.

Puis une phrase surnage, qui nous conviendrait assez, à Transitions, quel que puisse être son contexte : « - Qu’est-ce que signifie “apprivoiser” ? – C’est une chose trop oubliée, dit le renard. Ça signifie “créer des liens...” ».

Qui la relancera comme exergue ?