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Hélène Merlin-Kajman


Décembre 2019

 

Abolis aboiements

Cette semaine, le célèbre pseudo-éloge de la calomnie dans Le Barbier de Séville de Beaumarchais fait l’objet d’une quadruple saynète de Noémie Bys, Sarah Nancy, Boris Verberk et moi-même. Le résultat est fascinant : il y a peu de rencontres entre nos commentaires, et un lecteur qui les lirait sans connaître le texte de départ comprendrait certes qu’il est à chaque fois question de calomnie, mais ne serait peut-être pas tout à fait certain que nous commentons un même texte. J’aurais mauvaise grâce d’en dire davantage, risquant à la fois d’être juge et partie. Je souligne seulement que nous ne portons pas la même attention, ni tout à fait le même regard, sur les personnages, notamment sur Figaro, sur les enjeux - et sur les sons !…

Sinon, Guido Furci a réagi à ma saynète du mois précédent consacrée à un extrait du Grand Cahier d’Agota Kristof, et je lui ai répondu. Ainsi s’amorce un dialogue critique, dont nous espérons qu’il créera de l’émulation.

L’adage du mois, « Les chiens hurlent, la caravane passe », est développé par Léa Figueras, Michèle Rosellini, Boris Verberk et moi-même. Et à propos de sons, Léa Figueras le relève, et Michèle Rosellini le souligne : ordinairement, l’adage est connu sous la forme « Les chiens aboient, la caravane passe ». De l’aboiement au hurlement, l’abolition vient de moi. Mais l'erreur une fois gravée dans le marbre de l’écran électronique, nous ne pouvions plus changer - car par respect pour nos lecteurs-internautes, nous nous imposons, à Transitions, de traiter le site comme une revue imprimée.

Quant au hurlement, il nous a diversement inspirés : ces quatre interprétations de l’adage sont aussi surprenantes que les quatre interprétations de la saynète de Beaumarchais : aussi différentes dans leur imaginaire, leur écriture, leur horizon moral et politique… Aucune gravure dans le marbre ici – bien au contraire ! 

                                                                                   H.M.-K.

Prochaine saynète : un texte de Duras

Prochain adage : « Loin des yeux, loin du cœur ».

 
 
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