Hélène Merlin-Kajman

11 février 2012

 

Cette semaine, interrogée dans sa radicalité, presque devancée, la littérature ne fait pas de doute. Il est étrange qu'alors, sa question devienne torturante.

L'exergue de Gilbert Cabasso emprunte deux voix, celle de Jean-Claude Milner et celle de Nietzsche, pour dire le tourment d'une alternative placée sous le signe de l'écriture et de l'absolu. Répondant au questionnaire, Jonathan Degenève dit sa préférence pour le « bon qu'à ça » de l'écrivain. L'impressionnante série de « non » à la question « pensez-vous que les genres suivants - rap, slam, chanson, BD, roman politicier, etc. - appartiennent à la littérature ? » de l'anonyme révèle, sur la littérature, une sorte de certitude assez inhabituelle en ce lieu-ci ; enfin, les poèmes « Le dernier mot sauvé par le vent » d'Alain Parrau soulèvent sourdement une violente souffrance sans nous en laisser approcher la source.

Même si aucune de ces voix n'est comparable à l'autre, une nostalgie et un intense espoir d'écriture insistent ainsi - un ton que nous aimons aussi.

Le bémol vient peut-être de la rencontre avec Jean Kaempfer : pourtant placée sous le signe d'un syntagme également radical (« Dislocation de texte »), la réflexion de Jean Kaempfer nous invite à nous interroger sur l'explosion du symbolique que la littérature peut parfois transmettre (certains passages proprement sadiques de Zola par exemple) ; mais, plutôt que de célébrer la jouissance quelle qu'elle soit comme l'a souvent fait la modernité, elle nous propose de les prendre comme l'occasion, dans l'enseignement, de conduire les étudiants au partage esthétique d'un sens commun qui sache s'en détacher, sans pour autant s'abstenir de ces voisinages dangereux.

Des voiles, oui. Mais certainement pas pudibonds ni renégats.