Juste une fable n° 68 

 



Le dimanche matin


 

Coline Fournout

18/02/2017

 

C’était comme toujours un dimanche matin.

Au réveil, le jour était encore gris de l’autre côté du rideau, et le garçon avait barboté dans le sommeil jusqu’à ce qu’il ait eu trop chaud, que son cœur batte comme s’il était debout, que ses orteils, qu’il frottait rythmiquement, suent en quantité, jusqu’à ce qu’il se lasse des motifs géométriques, palpitants, de couleurs plus vives que nature, qui circulaient en série dans l’obscurité des murs, quand il les fixait sans battre des paupières.

 

Il quitta la chambre.

 

Le front pâle du grand frère brillait au fond du lit.

 

Je cesse, dit-il, je cesse, je cesse. Silence ! Il chantonnait sans son la litanie des parents et les mots incompris.

 

Le four de la cuisine donna une heure, 6h, qui le frappa comme jamais vue, et l’odeur qui restait du repas de la veille, le bourdonnement du frigo que l’on entendait pour une fois, le silence de l’étage au-dessus et de la cour, lui tournaient la tête. Il avait un peu la nausée, et des élancements légers dans le crâne.

 

Il faut nourrir le chat, il faut nourrir le chat, disait-il, et ainsi tournoyait la litanie des parents.

 

Où était-il, ce chat ?

 

Il se rappela le courant d’air sur sa joue épaisse de sommeil, chaude et non moins sensible, en passant dans le salon. Le battant de la fenêtre dodelinait. Il y avait un petit tas noir au pied de la fenêtre. L’écharpe va être sale, l’écharpe va être sale, elle va être déchirée, cassée ! Ramasse l’écharpe, chantonna-t-il.

 

C’était le chat.

Pourquoi dort-il là ?

 

« Bordel, dit le garçon, il a crevé »

 

Il avait chantonné ce que les parents répétaient entre eux avec un air entendu, et qui les faisait beaucoup rire. Cela venait, disaient-ils, d’un film qu’il verrait sans doute plus tard.

 

Il attrapa le chat sous le ventre, comme d’habitude, et fut surpris qu’il ne se débatte pas. Le ventre avait une texture étrange : cartilage de nez. Il lui souleva une babine : les dents étaient toujours aussi fragilement serties dans les gencives. Il lui attrapa la tête, qui était figée comme celle d’une marionnette riant éternellement de son visage de bois. Le chat ressemblait à un autre chat peut-être, mais pas au chat.

 

Le garçon porta le chat à la cuisine.

 

Il prit un sac plastique, plaça le chat dedans et noua précautionneusement les poignées. Il mit le sac dans la poubelle, qu’il ferma bien. Il faut bien mettre la carcasse de poulet dans un sac plastique avant de le jeter, ne pas oublier le sac plastique, au cas où le sac poubelle aurait un trou, disait-il, et la litanie dictait le geste.

 

Le garçon avait l’impression de quelque chose d’étrange. Il retourna se blottir dans son lit. Son grand frère n’était plus dans la chambre. Mais où est-il, demanda le garçon, où est-il ? Ses pieds nus étaient glacés, et il les frotta l’un contre l’autre. Il avait la gorge serrée. Je n’ai pas mangé le chat, dit-il, je n’ai pas mangé le chat. Il se rendormit un peu.

 

Le garçon en sueur en sursaut se dressa sur son lit, dévala le lit.

« Mon enfant est mort », dit-il, et il n’avait pas chanté.

 

Il courut à la cuisine. La poubelle était vide.

 

Il courut au salon. Le grand frère caressait le chat du bout des doigts, accroupi au milieu de la pièce. Quand le garçon entra, il dit : « j’ai jeté le sac plastique, mais j’ai gardé le chat. Préparons-lui une couche. Va chercher du coton ».

 

Le grand frère et le garçon ouvrirent la porte de l’armoire.

« Je ne vois rien, dit le garçon, je ne vois rien », et il poussa le dos du grand frère, accroupi entre les battants de l’armoire, soignant le chat mort comme un feu.

 

Le grand frère faisait de la place à l’intérieur de l’armoire.

Puis il tendit vers le garçon une petite boîte en plastique opaque.

Il ouvrit la boîte et dit : « tu vois, j’ai mis la coccinelle avec les dents de lait ».

Le garçon regarda. La coccinelle aplatie faisait les pétales d’une tulipe ouverte juste avant de faner, ailes rouges, ailes jaunes, cerceaux de corps noir.

Le garçon cherchait à se souvenir.

« Tu ne te souviens pas ? dit le grand frère. Elle était sur le rebord de la fenêtre. On courait avec elle avec nos doigts. Et puis d’un coup tu l’as écrabouillée »

 

Le garçon ne se souvenait pas, mais le grand frère était pressant.

« Si tu n’avoues pas, pas d’enterrement »

 

Le grand frère qui avait placé le chat avec beaucoup d’ordre sur une taie d’oreiller, plia celle-ci en baluchon, et partit avec à bout de bras.

Le garçon trottinait derrière lui en piaulant : « rends-le ! Rends-le ! ».

 

Le garçon courait après le grand frère qui marchait à grands pas en dodelinant la tête, en riant : « tais-toi un peu, tu vas réveiller les parents ! ».

Et il tenait le baluchon bien haut au-dessus de sa tête.

 

 

La sonnerie de la porte brisa le silence aussi sûrement que la sonnerie d’un téléphone auquel il est interdit de répondre. Le garçon et le grand frère se figèrent, et tombèrent les gestes violents qu’ils s’apprêtaient à faire. Le grand frère posa un doigt sur sa bouche pour intimer au garçon, qui avait tourné la tête vers lui, de garder le silence.

Il s’approcha de la porte sur la pointe des pieds. Les lattes du parquet craquèrent trois fois, mais ce fut le seul bruit, quoique tonitruant.

Il plaça l’œil à la lorgnette.

 

Le garçon ne comprit pas le nombre d’heures qui s’étaient écoulées en aussi peu de temps.

 

Le grand frère articula à grandes bouchées mais sans produire un son, quelque chose.

Le garçon chuchota fiévreusement : « mais qu’est ce que tu dis, qu’est ce que tu dis ? », tandis que le grand frère lui tapait sur la tête pour qu’il se taise.

Il le regarda bien en face et syllabe à syllabe, détacha : « c’est un vieux ». Le garçon s’agitait tant que la sueur l’avait couvert. Il souffla : « on ouvre ou pas ? On ouvre, oui ? ».

Le garçon poussa son frère pour jeter un œil aussi. Le nez du vieux était immense, tordu, à travers la lorgnette.

 

La sonnette retentit à nouveau et le garçon sentit son cœur descendre comme une grosse goutte d’eau froide le long de son ventre, puis à l’intérieur de sa cuisse et jusqu’aux pieds.

 

Le grand frère avait la main sur la poignée. Il regarda le garçon droit dans les yeux, écarquilla les yeux, inspira et appuya. La poignée émit un léger cliquètement mais ne bougea pas.

 

La porte était fermée.

« Va chercher les clefs », murmura le grand frère.

 

La porte s’ouvrit.

 

Un vieux monsieur, courbé, gros, avec une casquette, était appuyé au mur.

Il parlait en respirant très fort.

« Je suis descendu prendre le courrier, mais je suis fatigué, fatigué, je ne peux plus monter. Puis-je entrer un peu me reposer et boire un verre d’eau ? Vos parents ne sont pas là ? »

« Ils sont occupés » répondit le grand frère d’un air important.

Le garçon poussait son frère, qui occupait toute l’embrasure de la porte, pour voir le vieil homme.

Il savait si vaguement que c’est déjà trop dire, savoir, qu’il y avait des étages au-dessus et que ceux-ci étaient habités, et la vie de l’immeuble était, et ce n’était pas rien, pour lui un composé de bruits de toute sorte et un long escalier dont il ne pouvait deviner ce qu’il y avait au bout, ni à chaque étage, ce qu’il y avait derrière les portes, aussi imposantes que des inconnus et dont émanaient des odeurs un peu repoussantes, des filets de sons feutrés et continus.

 

Le garçon sentit son cœur descendre et l’air s’engouffrer dans le trou laissé au creux de sa poitrine.

 

Fallait-il réveiller les parents ?

 

« Les parents dorment, ils dorment, ils ne veulent jamais être réveillés », pensa le garçon.

 

Le grand frère tenait le bras tendu devant l’embrasure de la porte pourtant bien ouverte.

Le vieux disait : « J’ai vraiment très soif. Je ne peux plus monter. Où est ta mère ? »

Le grand frère se rengorgeait avec importance : « Elle est occupée. Elle vous rappellera »

Le garçon bouillonnait d’inquiétude sous le coude du grand frère.

« Papa va crier, il va crier, il a prévenu qu’il ne fallait pas faire de bruit ».

 

Le grand vide dans sa poitrine maintenant lui faisait monter la chaleur aux joues.

Il dit au vieux : « je vais prendre à boire ».

Et il rejoignit la cuisine, prit un verre qu’il remplit d’eau et tendit au vieux.

 

Au début, le vieux avait parlé d’une voix très faible, que l’on aurait dite atone. Une fois qu’il avait eu le verre d’eau entre les mains, déjà il lui avait été plus facile de s’enhardir.

C’est pourquoi il n’hésita pas à dire : « Soutenez-moi, au moins jusqu’à l’étage supérieur ».

Puis au suivant : « C’est encore au-dessus ».

Puis au suivant : « Encore un, et ce sera le dernier ».

Le grand frère avait coulé un regard de tentation vers le garçon qui s’était alors glissé menu sous le coude du vieux, et tous trois étaient montés.

 

 

*

 

 

Pendant que le grand frère expliquait en quelles classes ils étaient et comment ils occupaient sauvagement l’appartement le dimanche matin, le garçon fureta un peu dans les coins.

 

 

En glissant l’œil dans l’entrebâillement de la première porte, il vit un lit énorme et très haut, un grand nombre de cartons qui explosaient les papiers qu’ils contenaient sur le sol, et un vélo d’appartement tout gris, probablement venu de la guerre. Le garçon glissa un pied dans la chambre. Il s’approcha du vélo en respirant à peine, à cause de l’odeur bizarre. Au passage, il entrevit dans l’armoire dont les portes tenaient mal tout un tas de robes colorées. Il attrapa les poignées du vélo et se figea, mourant d’hésitation, jetant des coups d’œil intenses vers la porte entrebâillée. Son cœur battait à une vitesse incroyable lorsqu’il plaça un pied de chaque côté du vélo. La selle était trop haute, mais timidement le garçon mit les pieds sur les pédales et donna lentement deux coups.

Deux tours de roue, le boucan était immense !

La chaîne glissait en raclant comme des saletés le long d’une gorge trop étroite.

Le garçon lâcha tout, quitta la pièce, calma son cœur. Il retourna à l’entrée du salon.

Le vieux était en train de presser un pamplemousse sous les yeux brillants du grand frère. Le garçon sentit son ventre gargouiller. Le vieux qui l’avait vu lui fit signe de venir, mais le garçon disparut.

 

Il continua d’avancer dans le couloir.

 

Il devinait que des cadres y étaient accrochés, avec des photos, mais le couloir était sombre, lui trop petit, ou les cadres trop hauts.

 

Il arriva jusqu’à la porte blanche un peu jaunie au bout du couloir, dont la poignée en forme de vague était toute dorée. Il entra dans la salle de bains. Les vitres laissaient passer une lumière douce, bueuse, un peu bleutée. Elle faisait briller sur les étagères de gros pots de verre invraisemblables pour une salle de bain, et remplis de coton. Les étagères étaient très ordonnées, sur lesquelles étaient posés un grand nombre de tubes de crème de toutes les tailles, de tubes dorés et noirs, et une boîte rouge tout en haut, entrouverte et qui laissait voir de grosses pinces pour les cheveux. Les étagères étaient toutes poussiéreuses. Il y avait aussi deux lavabos et deux petites poubelles, avec des compresses et des cotons tiges. Un peignoir pendait derrière la porte.

 

Le garçon sursauta. Le vieux avait passé la tête par la porte. Le garçon n’osait pas s’asseoir sur le rebord de la baignoire ni sur le lavabo, pourtant le vieux, en réajustant ses appareils auditifs face au miroir, lui en avait fait signe. Il était figé au centre de la pièce et s’indignait que le vieux ne lui ait pas encore demandé de partir.

 

Le vieux dit : « Je vis seul, tu vois, ça fait dix ans. Je ne sais pas si ma femme est morte, simplement, un jour elle n’est jamais revenue. Dans le doute, j’ai tout gardé prêt pour son retour, même si certaines choses se périment. Tu vois ? ». Il attrapa un gros bandeau fleuri dans la boîte rouge, le noua autour de ses mains qui tremblaient comme toutes les mains de vieux, et il ressembla à un boxeur qui s’apprêtait à mettre ses gants.

« Tu vois ? Je n’ai touché à rien ».

 

 

*

 

« Si tu écoutes assez attentivement, nous remonterons le couloir en sens inverse, puis toi et ton frère, vous redescendrez chez vous. En es-tu ? » dit le Vieux.

 

Le garçon se plaça sérieusement aux côtés du Vieux.

Ses deux pieds étaient bien à plat sur la fine baguette qui délimitait le seuil de la salle de bain ; le Vieux lui prit l’épaule.

 

« Je raconte.

Nous étions tous les deux partis pour une promenade. C’était la pleine campagne.

Nous étions très prompts, la taille souple, l’air sauvage, de jeunes pousses, vois-tu, et nous glissions ardemment à terre, puis sous les barbelés. Elle surtout, avait le teint dur des briques et ses yeux, ravis d’être dehors, faisaient plier les brins d’herbe.

De champ en champ, il fallut que nous tombions sur un gros mur de pierre, et que nous ayons le désir de faire tomber même le plus résistant.

« Alors grimpe ! Je te pousse », je lui ai dit.

Je ne la connaissais pas depuis longtemps.

Elle était face au mur, ma main bien à plat sur le dos qui la guidait comme à travers une foule. Le mur était haut, les pierres friables sous les doigts et fuyantes sous les pieds, le soleil méchant, quand on levait la tête, et moi surexcité par ses éclats solides qui me tombaient dessus.

«  Allez ! Grimpe, vas-y, grimpe ! »

Je n’écoutais rien. Je crois qu’elle disait certaines choses, mais je n’entendais rien.

Devant nous, le mur s’allongea démesurément au lieu d’être bien droit comme on l’avait construit. Son ombre s’étendait comme celle d’une mâchoire ouverte pour dévorer et rendre chair à la chair, pierre à la pierre.

J’attrapais ses mains pour lui montrer.

Elles étaient très longues, larges, et tremblantes, et je m’étonnais de ne pas l’avoir vu avant de la toucher »

 

Le Garçon observait le Vieux sans trop l’écouter, et s’étonnait, lui, de voir comme il s’agitait, comme il gouttait d’une sueur étonnante pour une chair de vieux.

Il le vit ruine parmi les ruines de la campagne qu’ils avaient traversée.

 

« La voilà déjà au dessus du sol.

Je l’empoigne, ses jambes nues, ses cuisses crispées et de travers.

Elle sent d’une odeur âpre, dont j’oublie si j’en avais déjà l’habitude.

Et je ne sais pourquoi mes doigts glissent.

Et je piaille pour l’engueuler de se laisser hisser et de ne rien faire pour se hisser davantage, maintenant en l’air et soutenue, au point que mon nez effleure ses habits en désordre.

Je sentis quand elle s’agrippa au bord du mur dans un bond infini, et il y avait ces mains qui se pressaient en haut de ses jambes et qui grognaient dans l’effort. Elle se débattait, mais sans vigueur, mais la sueur la couvrait. Son corps était là qui se débattait d’une façon qui lui ressemblait si peu.

Deux personnes étaient là qui se débattaient contre un mur. Comme c’est curieux ! »

 

Le Vieil homme avait un air songeur.

Et le Garçon attendait la suite.

 

« Un grognement de triomphe, alors, pour la propulser plus haut.

À présent ses coudes s’écorchent et les écorchures se mêlent aux grains de pierre.

Elle grimpe enfin.

Avec le soleil, je vois des choses étranges. Elle est entachée de lumière. Et je ne vois plus la différence entre ses mains et ses genoux accoudés au bord du mur, et les contours de sa tête qui se penche vers moi sont noirs et mouvants.

Le soleil tape trop dur, il n’y a plus son ombre pour m’en protéger »

 

Le Vieux s’arrêta car il s’essoufflait.

« Comprends-tu ? », demanda-t-il.

 

« Je sautais en arrière pour prendre du recul. J’étais plein de bruits de gorge et de triomphe, affolé de la réussite.

Le haut du mur était vide.

C’était un très beau mur »

 

Le Garçon ne comprenait plus, et le Vieux de nouveau avait un air songeur.

 

« Et aujourd’hui, je ne sais toujours pas comment elle a disparu.

J’attendais jusqu’à ce que le soleil baisse et disparaisse, accroupi au pied du mur, et les herbes folles s’agrippaient à mes chevilles.

À la nuit, je m’éloignais.

Et je me rendis compte que le mur était effondré à ses deux extrémités, et qu’il n’emmurait rien 

 

Mais tu vois ? Je n’ai touché à rien ».

 

 

*

 

 

Le frère et le garçon descendirent sans dire mot.

 

Le garçon se blottit sous la couverture et se tourna contre le mur. Il entendit le grand frère faire couler l’eau à côté. Il ne disait rien et laisser la chaleur regagner ses pieds, qu’il avait gardés nus tout ce temps. Les yeux grands ouverts sous la couverture, il piquetait le noir d’éclats minuscules.

Il n’avait plus faim.

 

La chaleur sous la couverture était forte et entraînante.

 

La porte jaune était ravinée. L’humidité l’avait rendue maladive : crevasses et ganglions.

Il se tenait à la porte de la salle de bains, qui oscillait un peu à cause du vent qui arrivait de la fenêtre, remplissant tout d’un bruit inégal.

Ses orteils tapotaient le sol froid.

Il regardait obliquement par la fente de la porte, mais l’air froid lui rendait l’œil trop sec pour pouvoir observer.

Il entra.

 

Il est arrêté au milieu de la pièce, et songe. Il passe le dos de sa main sur ses lèvres, et essaye de distinguer dans la buée avoisinante, au moins la forme du mobilier.

Du fond de la pièce viennent de lourds bruits d’eau, par saccades, coupés de gouttes sans doute peu nombreuses et plus légères.

Du fond de la pièce, des vapeurs d’eau s’accumulent.

Il avance jusqu’au rideau de douche blanc, un peu jaune, devant la baignoire. Ils sont un peu sales et la silhouette que l’on devine derrière, bossue.

Un coude sort du rideau régulièrement. C’est quelqu’un qui se savonne.

Le Vieux est appliqué à se savonner lentement, assis sur un tabouret. Il est tout penché ; les plis de sa poitrine rendent celle-ci méconnaissable, et la mousse sur ses bras ne cache pas les taches marron qui les recouvrent, au point d’en modifier la forme. Il est couvert de bulles de savon et il rit aux éclats.

Le garçon veut l’attraper à l’épaule, mais il a disparu, sauf la main qui savonne, et la poitrine, qui voltigent maintenant dans la vapeur

 

Le garçon se réveilla.

Pour la première fois, il retint les larmes qui auraient pu couler.

 

Il rejoignit son frère dans le lit à côté, tous deux s’endormirent. Le matin avançait.

 

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