Séminaire de Patrice Loraux  : 

« La topique de l'époque » (3)

Séance du 21 mars 2016

 

Préambule

Patrice Loraux est philosophe : agrégé, il a été maître de conférences à l’Université Paris 1 et directeur de programme au Collège International de Philosophie de 1989 à 1995. Il a écrit Les Sous-main de Marx (Hachette, 1986) et Le Tempo de la pensée, Seuil, 1993, et de nombreux articles.

Mais Patrice Loraux préfère dispenser un enseignement oral, penser-parler : et il suffit de l’écouter une fois pour comprendre. Il donne un séminaire à l’EHESS depuis 1995 (105, bd Raspail, s. 2). Nous sommes heureux et fiers que Transitions l’accueille cette année. (lire la suite)

H. M.-K.

 

 

 

 

Patrice Loraux : la topique de l'époque (3)

Séance n° 3, 21 mars 2016

 

 
 

 

 

 

 

           

00:00:00 → 00:01:07 Annonce du cours : définition de l'époque en tant que télescopage d'au moins deux époques.

00:01:07 → 00:02:35 Première question affrontée : qu'il y a deux problèmes qui font tout le contenu de la philosophie.

00:02:35 → 00:04:27 Premier problème : on est déjà dans ce qu'on cherche. Ethique de Spinoza. Le « rejet de l'échelle » de Wittgenstein et sa variante chez Pascal.

00:04:27 → 00:07:07 Lutte contre l'Eléatisme et son impasse logique. Zénon. Schibboleth de la philosophie : le problème est toujours déjà résolu.

00:07:07 → 00:10:30 Que tout pouvoir (celui de la philosophie aussi) invite à la recherche et empêche de voir qu'on est dans la solution. Qu'il ne faut pas chercher, mais détruire ce qui nous empêche de voir qu'on y est. Qu'il faut doter la pensée d'une énergie plus grande que ce qu'elle sait d'elle-même.

00:10:30 → 00:16:20 Deuxième problème : la question du rapport-sans-rapport (qui n'aura jamais de solution). Dichotomie entre autonomie de l'œuvre d'art et son enracinement. Claudel, Brecht, Rimbaud, Schoenberg. De l'impossibilité de résoudre ce problème de façon correcte.

00:16:20 → 00:18:01 Du rapport bon ou mauvais avec son époque et son positionnement par rapport à elle (on est à la fois dans l'époque et hors de l'époque).

00:18:01 → 00:20:21 Ce qui caractérise une époque est l'antagonisme entre deux temporalités : celle du flux et celle de l'évènement (cassure du flux). Concept de nécessité chez les Anciens.

00:20:21 → 00:24:33 Définition d'époque. Coloration commune de tous les évènements d'une époque. Exemple : corrélation entre le fait économique et l’artistique.

00:24:33 → 00:26:26 La topique est le résultat de l'analyse de l'époque à laquelle à la fois on appartient et on n' appartient pas. « Plus un animal est adapté à son monde, moins il a de monde ».

00:26:26 → 00:28:15 Qu'il faut arriver à bien se placer dans une époque. De la nécessité d'un point d'observation fictivement soustrait à la causalité de l'époque. Chevauchement entre l'époque qui devrait partir et l'autre qui devrait arriver.

00:28:15 → 00:32:50 Du contenu et de la forme d'une époque. Anticipation : que la nouvelle époque sera composée de strates indépendantes. Ancienne époque : un paysage.

00:32:50 → 00:37:20 Faut-il d'abord appartenir adéquatement à l'époque (Marx)? Ou faut-il d'abord mettre entre parenthèses l'époque (Husserl)? Réduction phénoménologique husserlienne. Merleau-Ponty et Sartre.

00:37:20 → 00:41:03 Le sujet se situe entre autonomie et enracinement. Problème : nouer philosophie et époque et comment nommer la jointure entre les deux.

00:41:03 → 00:46:15 Réfutation du concept de résultat. Hegel. Question du point du vue philosophique, digression métaphorique sur le théâtre. Que la culture européenne se fond sur le concept de conquête et de recherche.

00:46:15 → 00:54:55 Que le séminaire actuel est la directe conséquence de celui de l'année passée : il fallait changer d'entendement pour arriver à penser la jointure entre philosophie et époque. Energie anonyme du penser. Définition de l'idée « météore ». Plotin : le « sans forme ». Les listes d’Aristote : Aristote comme « maniaque de la liste ». Donner immédiatement la liste complète : une ressource non thématisée. Le mauvais procès de Kant contre Aristote (la « rhapsodie »). « Cette façon d'être déjà là-bas sans y être encore allé ». Monique David-Ménard sur la folie chez Kant. Rimbaud et les idées météores. L’arc-en-ciel. Le temps plus rapide que le temps.

00:54:55 → 00:55:40 Qu'est-ce que c'est que ce qui n'arrive même pas à être assez lourd pour s'arrêter dans une signification ? Aristote.

00:55:40 → 01:08:20 Quatre impératifs pour que la philosophie soit technique : 1. Il faut être issu d'une crise. Etre heureux. Les existentiaux d'Heidegger. 2. Il faut s'immerger immédiatement dans le corpus philosophique et disparaître en tant que soi dans l'immersion. 3. Il faut s'orienter vers l'extrême bord de la philosophie. 4. Etre philosophe sans philosophie.

01:08:20 → 01:12:17 Que l'idée météore permet d'apercevoir le rapport le plus difficile : la finité, qui est le « ça va ensemble malgré », et qui est illimitée.

01:12:17 → 01:13:50 Que l'idée météore est rétive à l'époque et en affinité avec elle. Que la pensée se charge de créer des rapports entre choses qui n'en ont pas. Hegel.

01:13:50 → 01:19:04 Que l'œuvre est la mise en forme d'une idée météore sans forme. Réflexion sur le métier et la nécessité. Qu'il ne faut pas avoir peur de la puissance de sa pensée. 01:19:04 → 01:26:00 Que la philosophie est une disparition de soi.

01:26:00 → 01:30:48 La topique relève du schème qui permet de comprendre que l'époque est la jointure d'une spatialité et une temporalité.

01:30:48 → 01:31:14 Thèse : savoir dessiner une topique signifie appartenir à une époque.

01:31:14 → 01:35:59 Que le changement actuel d'époque implique le flottement car on ne sait pas encore se passer de l'expérience de l'attente. Concept d'horizon.

01:35:59 → 01:38:57 Que la dé-liaison est un des évènements qui a amené ce changement d'époque en obligeant les éléments à se distribuer d'une façon différente, selon des strates qui ne son pas liées entre elles.

01:38:57 → 01:42:15 Il faudra mieux définir la strate des articulations, qui sont trop nombreuses à ce stade de mes réflexions.

01:42:15 → 01:45:29 Comment se réalise la compositions des deux topiques (celle qui va et celle qui vient) ? Comment renoncer aux choses positives de la vieille époque ? Exemple : la transcendance, qui est un mot majeur.

01:45:29 → 01:50:15 Qu'une époque est une gigantomachie, car elle est la lutte entre ce qui résiste pour rester et ce qui s'avance pour s'affirmer. Charme de la déliaison et des ruines. Ignace de Loyola en tant qu'exemple topique de la liaison.

01:50:15 → Que la déliaison provoque l'isolement. Enjeu : trouver le moment où la dé-liaison entre en scène. Esquisse des séances à venir, des réflexions à venir.

Auteurs cités : Aristote, Bacon, Balzac, Bergson, Brecht, Céline, Claudel, Courbet, David-Ménard, Descartes, Diderot, Fra' Angelico, Hegel, Heidegger, Husserl, Kant, Lévy-Strauss, Loyola, Mallarmé, Marx, Merleau-Ponty, Nietzsche, Pascal, Platon, Plotin, Proust, M. Richir, Rimbaud, Rothko, Sartre, Schoenberg, Schubert, Spinoza, Wittgenstein, Zénon.

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