Exergue n° 63

 

 

«  [...] sapiens est “anature par nature”, ce qui veut dire que c’est à la suite de son évolution biologique, donc naturelle, qu’il a subi une transition violente qui l’a pour ainsi dire “sorti de la nature”. Bref, nous sommes “entrés dans la clairière” et il n’y pas de marche arrière. Sapiens est un animal tragique, comme individu conscient de sa finitude et aussi comme espèce dont la finitude est aussi certaine. » 

Alain Prochiantz, Qu'est-ce que le vivant ?,
Paris, Seuil, 2012, pp. 83-84. 

 
 


Hélène Merlin-Kajman

19/01/2013

Apre vérité que cette « transition violente » dont nous n’avons aucun souvenir historique et qui, pourtant, nous secoue encore. Nous ne sommes quedes animaux. Nous ne sommes pas des animaux. A nous de jouer ! Nous savons parler, écrire, construire, détruire. Le feu, l’outil, l’arme, les funérailles, la langue – même la littérature : qu’est-ce que nous n’avons pas inventé ! Et la clairière, il y a eu tant de manières de l’habiter...

Aujourd’hui, nous voici tous approximativement rassemblés avec, éparpillés en tout sens, les lambeaux de nos clairières passées. On entend leurs rumeurs : autrefois les astres parlaient... ! et les animaux... les dieux... ! Même il semble à certains qu’ils parlent encore : ceux-ci aux uns, aux autres, ceux-là. Et les démons... !

Certains prêtent l’oreille, cherchent des sauveurs, des sorciers. D’autres se contentent de s’adresser des signes, de tenter un dialogue. Certains parlent faute d’entendre, ou hurlent pour ne pas entendre. D’autres chantent dans le silence, d’autres divaguent dans les cris... Et quelques-uns traduisent, et quelques-uns cherchent...

Et j’en passe tant.

- Tout cela peut-il faire un monde ?

- Un monde ?

- Pourquoi non ?

- Pour quoi faire ?

Ah, bah ! Enchaînons...

 

 

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