Exergue n° 110

 

 

 

« […] l’Hermès grec se joue des formes et traverse les apparences, aussi corrosif, volatile et fugitif que le Mercure alchimique. […] il demeure comme Thoth le médiateur, celui qui assure les passages les plus importants et risqués : qu’il s’agisse de faire transiter les messages entre les dieux et les hommes, d’exercer la fonction de psychopompe lors du dernier voyage de l’âme, d’orienter ou de dérouter les voyageurs. Capable de nouer aussi bien que de dénouer, il négocie avec brio les transitions et les changements d’état, qu’on nomme ceux-ci métamorphose ou transmutation. »

Françoise Bonardel, La Voie hermétique,
Paris, Dervy, « Dervy Poche », 2011, p. 27.

 
 



Victor Béguin

01/03/2014

 

Hermès :

Tout d’abord le dieu grec, libre joueur tranquille et facétieux dont les arabesques dessinent un espace potentiel qui est celui du sens : n’est-il pas le messager divin, non pas donc le révélateur univoque (ou l’évangéliste) mais celui qui tisse et détisse les liens que faire transiter quelque sens requiert ?

Puis le Trois-fois-très-grand ou Trismégiste, dont les écrits dits hermétiques étendent leur ombre sur l’ésotérisme occidental et sur cet art des changements et des transformations tout autant spirituelles que matérielles dont il est le patron, ce Grand Œuvre toujours à reprendre qui machine les recoins de la matière subtile et y déchiffre les dimensions du macrocosme tout en déployant les correspondances qui sont par là rendues manifestes pour faire de ce commun papillonnement de matière et d’esprit qu’est le séjour de l’homme un bonheur authentique, et qu’une tradition d’origine arabe (la transition, toujours) aura nommé alchimie.

Hermès, donc, ne réconcilie pas : sa « médiation » n’impose ni ne fait jaillir une signification fermée mais suggère la coalescence et l’empiètement de dimensions sinon séparées ; il se joue des bruissements du monde en y donnant toujours à voir la réserve de possibles bruissements de sens.

Hermès : dieu des transitions ?