Abécédaire

 
 Communisme n° 5
 
 


Dionys Del Planey

06/12/2014

Nœud de contradictions fertile et émancipateur.

Le communisme, dès lors qu'on cherche à le définir de l'extérieur, ne peut que se figer en une idéologie morbide à coup de rappels historiques, d'évocation de tel ou tel spectre ou de statistiques sur la taille des dents des loups que nous sommes sans cesse les uns pour les autres.

Mais si l'on avance que plutôt qu'un système ou qu'une promesse intenable, il s'agit là d'un élan et que cet élan existe

1) théoriquement bien en-deçà

2) concrètement bien au-delà

du marxisme-finaliste-internationaliste, alors il reste à accepter qu'il n'existe pas un communisme, mais des communismes, qui s'inventent les uns par rapport aux autres, dans leurs jeux d'alliance et de ruptures, dans leurs improbables échos temporels qui font voler en éclats toute linéarité.

Le succès des Etats-Unis ne tient pas à l'excellence de ses services secrets trop braqués pour imaginer qu'un avion puisse un jour tranquillement s'écraser sur le Pentagone, mais plutôt à la prudente tolérance dont ils ont su faire preuve à l'égard d'O'Neill, de Ginsberg, de Faulkner, de Dashiel Hammett, de Chaplin, tous inspirés par la révolution de 1917.

Le communisme ne s'est jamais limité au sanglant régime totalitaire finaliste qui a précédé en Russie le régime capitaliste belliciste de Poutine.

 Les communismes n'ont pas attendu Marx pour s'instituer comme élans émancipateurs à l'origine d'intelligences effectives.

Ils se sont inventés en bien des endroits, en bien des langues.

Et toujours avec comme revendication implicite : ce n'est pas aux autres de nous définir. Nous inventons, en acte, ce que nous sommes.

Nous œuvrons sans fin. Oui, nous œuvrons.

Nous ne nous résignerons pas

à n'avoir en commun

que nos souffrances.