Abécédaire

 
 Communisme n° 4
 
 


Jean-Paul Galibert

29/11/2014

L’infini comme un est nécessairement commun. En ce sens, il y a bien un communisme de l’infini, mais sommes-nous faits, nous autres les hommes, pour un tel infini ?

Bien avant Marx, l’histoire a connu un communisme des philosophes, de Pythagore à Socrate et de Platon à Erasme, toute cette bande d’amis qui ont répété avec un sourire qu’« entre amis, tout est commun ». Il se pourrait bien que Jésus lui-même n’y ait pas été étranger. Mais la plupart ont eu la sagesse de ne fomenter aucune révolution, comme s’il était impossible de hâter la venue du printemps, ou même comme si le communisme était un idéal qui ne devait pas être atteint.

D’un côté, il n’est point de libération sans perspective de communauté. En ce sens, le communisme est un idéal nécessaire et indispensable. Mais d’un autre côté, il n’est pas de libération sans un mouvement perpétuel, et proprement infini, de libération. Tout Etat, tout pouvoir, si révolutionnaire qu’il se veuille, qui s’autoproclamerait parfaitement libre, juste et harmonieux, serait immédiatement arbitraire et condamnable, quelles que soient les raisons qui pourraient justifier sa prétention : la société la plus juste sera toujours injuste si elle s’estime définitive, puisqu’elle va aussitôt sévir contre toutes les propositions nouvelles. La perfection, c’est la mort.

Notre infini à nous, c’est notre finitude. Notre lente avancée vers l’idéal qui le demeure. 



   

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